Municipales italiennes : à Rome, le mouvement Cinq Etoiles fait la course en tête

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Le mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Beppe Grillo est largement en tête à Rome à l’issue du premier tour des élections municipales partielles qui avaient lieu dimanche en Italie. Sa candidate, Virginia Raggi, une avocate de 37 ans, devance largement son adversaire du Parti démocrate, soutenu par le chef du gouvernement Matteo Renzi.
 
Au total, ce sont quelque treize millions d’électeurs, soit un quart de la population adulte, qui étaient appelés à se rendre aux urnes afin d’élire les maires de 1.342 communes.
 

Le mouvement Cinq Etoiles fait la course en tête à Rome

 
A Rome, selon les sondages sortis des urnes, Virginia Raggi est crédité d’environ 35 % des voix, alors que Roberto Giachetti, candidat du Parti démocrate, s’établit autour de 24 %, à quatre points de Giorgia Meloni, la candidate soutenue par le Parti populiste et la Ligue du Nord. Loin derrière, le candidat de la droite classique, Alfio Marchini, soutenu par l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi, ne recueillerait qu’un peu plus de 10 % des suffrages.
 
En l’état actuel des résultats partiels, la candidate du M5S devra défendre son avance devant son adversaire du Parti démocrate lors du second tour qui se déroulera le 19 juin.
 
La situation est donc délicate pour le chef du gouvernement Matteo Renzi. Certes, à Milan, c’est le candidat du centre-gauche, ancien patron de l’exposition universelle 2015, Giuseppe Sala, qui arrive en tête, avec à peu près 40 % des suffrages, mais il est suivi de très près (moins de deux points) par son adversaire de droite Stefano Parisi.
 
A Naples en revanche, le maire sortant de la gauche radicale, Luigi di Magistris, très critique envers le gouvernement – il a ainsi déclaré que sa ville était une zone « sans Renzi »… –, pourrait être élu dès le premier tour. Selon les premiers sondages sortis des urnes, il ne serait pas loin en effet d’atteindre les 50 %.
 
A Turin, Piero Fassino, le maire actuel issu du Parti démocrate, est donné en tête, mais un second tour difficile l’attend face au candidat du M5S.
 

Municipales italiennes : un test pour le gouvernement Renzi

 
En général, ces élections municipales partielles étaient considérées comme un test pour le gouvernement de Matteo Renzi. Une défaite à Rome, à Milan, Turin et à Naples, serait un avertissement sérieux à la veille d’un referendum constitutionnel qui doit se tenir à l’automne. D’autant que le M5S n’a cessé dénoncer les scandales de corruption qui touchent aussi bien la gauche que la droite dans la capitale.
 
Ignazio Marino, le précédent maire de Rome, et membre du Parti démocrate, mis en cause dans un scandale concernant ses frais de bouche et de fausses notes de frais, a en effet et contraint de se retirer, il y a six mois, après que plus de la moitié des conseillers de la ville aient démissionné. Depuis, Rome est administrée par un commissaire extraordinaire, nommé par le gouvernement.
 
En attendant, les procès d’élus romains se succèdent, les procureurs estimant que la plupart des activités liées à la gestion de la ville – qu’il s’agisse de la gestion des centres de migrants ou de la collecte des ordures – ont été soumis à un système de trafic d’influence, à tous les niveaux de l’administration de la ville de Rome.
 
La candidate du M5S a eu beau jeu, dès lors, de déclarer pendant la campagne : « Les partis politiques ont mangé Rome. » Et d’appeler les Romains à voter pour la transparence : « Soit nous changeons tout, soit tout continuera comme cela a toujours été ! »
 

Referendum et corruptions

 
On comprend que le premier ministre Matteo Renzi, dont la popularité n’a cessé de faiblir, ait pris soin de prendre ces distances avec les élections municipales, assurant que les problèmes locaux n’auraient pas d’impact sur son gouvernement.
 
Il ne cesse d’évoquer, en revanche, le referendum à venir, répétant à qui veut l’entendre qu’il démissionnera si les Italiens venaient à rejeter sa proposition.
 
Mais comment Matteo Renzi pourrait-il feindre d’ignorer des résultats électoraux qui, répétons-le, ont pour lui valeur de test ?
 
En attendant, le prochain maire de Rome aura fort à faire. L’Urbs est endettée à plus de 13 milliards d’euros, soit deux fois son budget annuel… Virginia Raggi veut néanmoins y croire. « Le vent tourne, c’est le moment », a-t-elle lancé Virginia Raggi. « Nous vivons un moment historique, a-t-elle ajouté. Les Romains sont prêts à tourner la page, et je suis prête à gouverner cette ville et à rendre à Rome la splendeur et la beauté qu’elle mérite. »
 
Et Rome, qui en a connu d’autres, a bien envie d’y croire…
 

François le Luc