Palmyre aux mains des djihadistes

Palmyre aux mains des djihadistes
 
Palmyre est finalement tombée… Mercredi, les djihadistes de l’Etat islamique s’en sont emparés, après des jours et des jours d’avancées et de reculades, et d’échanges de coups de feu avec l’armée syrienne. Les forces gouvernementales s’étaient retirées peu avant, après avoir évacué les civils qui demeuraient encore sur place. Depuis cette prise du site archéologique le plus célèbre de Syrie, l’inquiétude grandit face aux destructions que les islamistes pourraient faire dans ce haut lieu du patrimoine antique.
 
Située à 240 kilomètres au nord-est de Damas, Palmyre se trouve à un carrefour stratégique de routes menant à Homs et à la capitale. Outre les ruines antiques, très importantes et mondialement connues, la cité abrite des installations militaires récentes, ce qui constitue une inquiétude supplémentaire pour les troupes gouvernementales. Il faut noter, en outre, que c’est la première fois que les troupes de l’Etat islamique prend une localité à l’armée.
 

Palmyre est tombée…

 
« Grâce à Allah, Palmyre a été libérée ! » Tel est le message par lequel l’Etat islamique a annoncé la prise de la ville. Par ailleurs, le groupe islamiste fait circuler sur internet des photos d’hommes armés dans des rues qu’ils disent être celles de Palmyre.
 
Depuis cette annonce, les appels se multiplient pour la préservation de la cité et de ses monuments. Ainsi Maamoun Abdoulkarim, chef du service des Antiquités syriennes, après avoir précisé que des centaines de statues avaient été mises à l’abri, a demandé à l’armée syrienne, à l’opposition et à la communauté internationale de sauver Palmyre : « Les nouvelles sont très mauvaises, a-t-il déclaré. Il y a de très violents combats. Nos craintes concernent désormais le musée et les grands monuments qui ne peuvent être déplacés. »
 
A Paris, c’est la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, qui a lancé un appel pour un arrêt immédiat des hostilités afin de sauver « l’un des sites les plus significatifs du Moyen-Orient et la population civile qui s’y trouve ».
 
« J’appelle la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population civile concernée et sauvegarder le patrimoine culturel unique de Palmyre », affirme-t-elle dans un communiqué. « Il est impératif que toutes les parties en présence respectent les obligations internationales pour protéger le patrimoine culturel pendant le conflit en évitant de le prendre pour cible directe ou de l’utiliser à des fins militaires. »
 

Les crimes des djihadistes

 
Il est vrai que Palmyre – ou Tadmor en arabe – est un site unique vieux de plus de 2.000 ans, et qui constitue, à ce titre, l’un des fleurons du patrimoine mondial antique.
 
On est tout de même étonné, malgré tout, que ces appels se manifestent avec plus de force que lorsqu’il s’agit des massacres perpétrés par les mêmes djihadistes, qui n’hésitent pas à violer, égorger, décapiter, torturer ceux qui se trouvent sur leur chemin. N’y a-t-il pas là une barbarie plus grande encore ? Ou sommes-nous à ce point blasés par les atrocités quotidiennes de notre époque que nous ne ressentions plus même d’émotion à leur récit ?
 

François le Luc