« Solidarité intergénérationnelle »
au Royaume-Uni : demander plus aux personnes âgées au détriment de la transmission du patrimoine

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Il fut un temps où, dans nos sociétés occidentales chrétiennes, la solidarité entre générations consistait pour les enfants devenus adultes à s’occuper à leur tour de leurs parents devenus dépendants. Cette solidarité intergénérationnelle a malheureusement tendance à disparaître puisque le soin dû aux personnes âgées est de plus en plus confié à des institutions spécialisées et confisqué, via les impôts et au moins en partie, par l’Etat-providence. L’Etat voudrait donc de plus en plus que les personnes plus âgées, sous prétexte qu’elles ont été plus avantagées que les générations actuelles et qu’elles coûtent de plus en plus cher à la société, contribuent financièrement pour alléger la charge sur les générations plus jeunes. En Royaume-Uni, Philip Hammond, le chancelier de l’Echiquier, s’apprête ainsi selon le Daily Telegraph à proposer des impôts calculés selon l’âge des contribuables afin de promouvoir « l’équité intergénérationnelle » : des allégements fiscaux seront offerts aux actifs dans la vingtaine et la trentaine, qui seront financés en accroissant les cotisations de retraite des travailleurs plus âgés, sous prétexte que ceux-ci gagnent davantage en moyenne. Et tant pis si ce n’est pas toujours le cas ! Socialisme et haine de la transmission du patrimoine… voilà comment fonctionne un gouvernement « conservateur ».
 

La transmission du patrimoine des personnes âgées visée par le fisc au Royaume-Uni

 
Jacqueline Doyle-Price, sous-secrétaire d’État à l’assistance sociale, voudrait quant à elle que les personnes âgées qui ont besoin d’une assistance à domicile y contribuent financièrement en cédant leur résidence principale. Certes, cette résidence principale pourrait être conservée jusqu’au décès de la personne âgée, puisqu’elle y habite, mais sa propriété serait ensuite transférée à l’État qui la revendrait pour se rembourser les frais occasionnés. Il serait en effet injuste, selon Mme Doyle-Price, que les contribuables jeunes aient à payer pour permettre aux anciens de conserver leur bien immobilier afin de le transmettre à leurs enfants.
 
Aujourd’hui la propriété immobilière d’une personne bénéficiant de soins financés par l’État britannique est déjà prise en compte pour la contribution financière de l’intéressé(e), mais uniquement si la prise en charge se fait en résidence spécialisée et non pas si la personne continue de vivre chez elle. La proposition de la sous-secrétaire d’Etat laisse deviner le retour à une idée qui avait été qualifiée de « taxe sur la démence » (dementia tax), sur laquelle Theresa May avait été obligée de revenir pendant la récente campagne électorale qui s’était terminée par un recul des Tories aux élections de juin dernier.
 

La résidence principale reviendrait à l’Etat pour financer la « solidarité intergénérationnelle »

 
Ce débat qui refait surface illustre une inversion de la politique des « conservateurs » en matière d’héritage et de patrimoine, par rapport à ce qu’affirmait David Cameron en 2016 : « La maison pour laquelle vous avez travaillé et économisé vous appartient à vous et à votre famille, nous vous aiderons à la transmettre à vos enfants. » Cela s’inscrit en revanche dans la ligne des mesures anti-familles (comme le fameux « mariage » gay en 2013) adoptées par des « conservateurs » en réalité très progressistes.
 
On observe une tendance analogue en France où Macron veut faire payer – jusqu’à plus soif – les propriétaires d’un patrimoine immobilier souvent transmis de génération en génération.
 

Olivier Bault