La classe moyenne n’est plus majoritaire aux Etats-Unis

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Selon l’étude, le pourcentage des Américains dont les revenus sont inférieurs à ceux de la classe moyenne se situait à 25 % en 1971. Il s’élèverait aujourd’hui à 29 %.

 
Une nouvelle étude des données gouvernementales menée par le Pew Research Center publiée le 9 décembre dernier révèle que la classe moyenne représente désormais légèrement moins de la moitié de la population des Etats-Unis. Début 2015, elle comptait quelque 120.8 millions de personnes adultes, contre 121,3 millions de personnes à revenus supérieurs et inférieurs, alors que durant plus de 40 ans, la classe moyenne a toujours été majoritaire.
 
La modification des revenus de la classe moyenne depuis 1970 est encore plus significative : en 2014, 49 % des revenus agrégés étaient récupérés par les classes supérieures, soit une hausse de 29% par rapport à 1970. La part revenant à la classe moyenne était de 43% pour cette même année, en chute libre par rapport aux 62% constatés en 1970.
 

Une classe moyenne en voie de paupérisation et qui n’est plus majoritaire

 
L’analyse révèle un fait encore plus alarmant pour la classe moyenne : certes, les revenus de toutes les catégories ont augmenté entre 1970 et 2014, mais ceux des classes moyenne et inférieure ont augmenté bien moins vite que ceux de la classe supérieure. Le revenu moyen des foyers de la classe supérieure a augmenté de 47 % entre 1970 et 2014. La hausse de celui de la classe moyenne pour cette même période est de 34 % alors que celle de la classe inférieure est loin derrière avec 28 %.
 
Les perspectives ne sont guère plus reluisantes en termes de valeur du patrimoine des familles à revenus moyens, comparées à celle des classes supérieures. La valeur moyenne du patrimoine des familles de la classe moyenne s’établissait à 161.050 dollars en 2007 alors qu’elle n’était que de 95.879 dollars en 1983. Après la grande récession des années 2007-2009, ce patrimoine ne se montait plus qu’à 98.000 dollars en 2010, et ne fait que stagner depuis.
 
En comparaison, les familles de la classe supérieure ont moins perdu sur la même période, avec une valeur patrimoniale estimée à 729.980 dollars en 2007 (323.402 dollars en 1983) contre 650.074 dollars en 2013.
 
Ces grandes disparités s’expliquent par le fait que la classe moyenne consacre une part plus importante de son patrimoine au logement, alors que les classes supérieures investissent davantage dans les actions. La récession de 2007-2009 a durement touché le marché de l’immobilier, qui ne s’est pas encore complètement remis, alors que le marché boursier est reparti à la hausse.
 

La lutte des classes aux Etats-Unis, comme partout ailleurs

 
Au-delà des chiffres, il est nécessaire de comprendre l’impact d’une telle modification structurelle de la société : en effet, la présence d’une classe moyenne nombreuse a toujours été la marque d’une société libre au sein de laquelle sa bonne santé et sa vigueur assure le fonctionnement d’une économie de marché libre et la liberté politique qui en résulte.
 
Or, ce qui différencie une société libre d’une société sous la férule d’un régime autoritaire, c’est justement la taille de la classe moyenne. Les sociétés autoritaires sont régies par une petite élite au sommet, qui soumet la quasi-totalité de sa population à la pauvreté, la classe moyenne n’existant pratiquement pas.
 
Cette analyse du Pew Research Center devrait réveiller les consciences : la lente destruction de la classe moyenne aux Etats-Unis (mais il y a d’autres exemples) est le signe de la progression d’une classe oligarchique qui a tout intérêt à ce que la majorité de la population soit pauvre ou appauvrie.
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle