Qu’allait faire Hollande chez Obama ?

Hollande Obama
François Hollande et Barack Obama à la Maison Blanche à Washington DC, le 24 novembre 2015.

 
François Hollande a donc rendu visite ce mardi à Barack Obama. Entre attentats à Paris et ailleurs et situation militaire en Syrie, la raison en était toute justifiée. Mais pour quoi faire au fond, et surtout quoi dire ? Le président de la République, depuis qu’il s’est décidé à prononcer le mot, ne parle plus que de guerre. Dans son esprit, c’est une sorte de panacée, une justification universelle à toutes les décisions passées, présentes et à venir. Mais aucune de celles qu’il évoque jusqu’ici, y compris avec Barack Obama, ne semble de nature à résoudre quelque conflit que ce soit. On constate, au contraire, que l’horizon n’en finit plus de s’obscurcir…
 
Intensifier leurs opérations militaires contre l’organisation Etat islamique : c’est manifestement le maître mot – à défaut d’être le mot de la fin… – de la rencontre entre Barack Obama et François Hollande, mardi, à la Maison Blanche.
 

Hollande chez Obama

 
« Nous ne laisserons pas abîmer le monde… » François Hollande, au sortir de cet entretien, s’est voulu grandiloquent. « Nous ne laisserons pas abîmer le monde et, face à Daech, nous devons avoir une réponse commune, collective et implacable. »
 
Du nouveau ? Non, il répète en définitive ce qu’il dit depuis que des témoins l’ont vu, sidéré, le 13 novembre au Stade de France : « Détruire Daech partout où il se trouve, etc. »
 
Barack Obama a renchéri en appelant à « faire mieux en matière de coordination entre les pays ». L’habile homme ! Car faire mieux, dans son esprit, c’est évidemment faire (plus) américain.
 

Ratiocinations alliées

 
On l’a bien vu mardi, à Washington, puisque François Hollande, qui semblait jouer l’apaisement sur l’avenir du président syrien Assad, a repris le refrain d’une « transition politique crédible » en Syrie, ce qui revient à établir « un calendrier précis permettant un cessez-le-feu et l’ouverture d’un processus conduisant au départ de Bachar el-Assad ».
 
« La date, je ne vous la donnerai pas ; elle doit être la plus rapide possible », a-t-il insisté.
 
On attend avec impatience de voir comment il va s’en sortir, ce jeudi, aux côtés de Vladimir Poutine. On ne peut dire, perpétuellement, tout et son contraire. Le psittacisme, qui consiste à répéter ce que le dernier grand a dit, peut un jour se retourner contre lui…
 
Surtout lorsque le président américain continue à mettre de l’huile sur le feu, en affirmant encore mardi qu’il ne veut pas entendre de parler de coopération avec la Russie, et pousse ensuite le naïf François Hollande à lui sortir les marrons de ce même feu qu’il a attisé… et que l’affaire de l’avion russe abattu à la frontière turque risque de propager plus vite encore.
 

L’apaisement russe

 
Les Russes, quoi qu’on en pense par ailleurs, sont plus crédibles, qui proposent mercredi de constituer un état-major commun contre le groupe Etat islamique. Commun, c’est-à-dire incluant la France, les Etats-Unis, et même la Turquie. Faut-il, au lendemain de cet incident, être de bonne composition. Ou avoir le sens des priorités et des réalités.
 
C’est en tout cas la proposition qui a été faite par l’ambassadeur russe Alexandre Orlov ce mercredi matin sur l’antenne française d’Europe 1.
 
On doute qu’il l’est sorti de son chapeau, à moins que celui-ci ne soit venu tout droit de Moscou.
 
On attend surtout de voir comment nos politiques français et américains vont répondre. De leur sens de la diplomatie dépend partiellement le risque de passer pour des fauteurs de troubles plus grands à venir…
 

François le Luc