Accusé de fraudes après les élections régionales au Venezuela, Maduro est maintenu au pouvoir par la Russie, la Chine et les banques américaines

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Officiellement, les candidats de la coalition pro-Maduro Grand Pôle patriotique Simón Bolívar (GPP) ont convaincu une majorité de votants lors des élections régionales du 15 octobre dernier, et ils ont remporté le poste de gouverneur dans 18 États. La coalition d’opposition Table de l’Unité démocratique (MUD) n’a gagné ces élections que dans cinq Etats. Ceci vaut si l’on s’en tient bien sûr aux résultats officiels, car cette même opposition dénonce de nombreuses irrégularités. Outre les irrégularités auxquelles il fallait s’attendre, la MUD a toutefois souffert de ses divisions internes, notamment sur la question de savoir s’il fallait ou non participer à ces élections. Mais même 5 gouverneurs d’opposition sur 23, cela semble trop pour Nicolás Maduro. Pour les empêcher d’entrer en fonctions, le successeur d’Hugo Chávez a donc exigé qu’ils prêtent serment devant son Assemblée nationale constituante, mise en place cette année pour court-circuiter l’Assemblée nationale dominée par la MUD après la défaite électorale des partisans du socialisme chavézien en décembre 2015. S’ils persistent à refuser de reconnaître cette Assemblée constituante, Maduro menace de répéter les élections dans ces cinq Etats. Or si le marxiste Maduro peut se permettre de continuer à renforcer son emprise sur le pays malgré la faillite économique de la révolution bolivarienne, c’est à cause du soutien financier de la Russie et de la Chine, mais surtout des banques et des compagnies pétrolières américaines.
 

Soutenu par la Russie et la Chine, Maduro peut aussi compter sur les banques et les compagnies pétrolières américaines

 
Le soutien russe et chinois n’a rien de surprenant, et il se fait en offrant le cash dont le gouvernement de Maduro a tant besoin contre des actifs pétroliers du Venezuela. Celui des banques américaines est plus inattendu dans le contexte des sanctions adoptées par les Etats-Unis contre Maduro et quelques hauts fonctionnaires de son régime socialiste. Mais ces sanctions n’empêchent pas les banques de faire des affaires avec les titres de dette du Venezuela, et c’est ainsi par exemple que le Venezuela a reçu en mars un prêt de 300 millions de dollars du fonds spéculatif Fintech Advisory. Il s’agissait d’un prêt garanti en obligations du gouvernement vénézuélien pour une valeur nominale de 1,3 milliards de dollars.
 
En mai, c’était la banque Goldman Sachs qui prêtait à ce gouvernement socialiste, pendant les violentes répressions contre les manifestations de l’opposition, 865 millions de dollars contre 2,8 milliards d’obligations de la compagnie pétrolière publique Petróleos de Venezuela SA. Et il y a encore le milliard de dollars mensuel versé à Caracas contre le pétrole acheté par les grandes compagnies pétrolières pour faire tourner les raffineries de la Côte du Golfe des Etats-Unis. Et c’est ainsi que Maduro a pu continuer jusqu’ici à rembourser la dette vénézuélienne au détriment de sa population.
 

Couper le robinet à cash de Wall Street et des raffineries américaines après la farce des élections régionales au Venezuela

 
Le meilleur moyen de faire tomber son régime, ce serait donc tout simplement d’interdire à Wall Street toute transaction avec des obligations vénézuéliennes et de fermer le robinet à cash des raffineries américaines. Mais le jeu de la dialectique internationale est tout autre !
 

Olivier Bault