Nicolas Sarkozy réinterprète l’identité nationale

Sarkozy identité nationale
 
Nicolas Sarkozy fait enrager ses adversaires de droite dans la course à la présidentielle. Alors qu’il tient une nouvelle réunion ce mercredi soir dans le Nord, il n’a toujours pas dévoilé ses intentions dans ce domaine, même si, pour le plus grand nombre, cela semble tenir du secret de polichinelle. Mais, à défaut d’annonce officielle, l’ancien président nous rejoue l’air de l’identité nationale, qui lui avait si bien réussi en 2007.
 
Juppé, Fillon, Le Maire et les autres s’agacent de ce président de parti qui, officiellement, n’est toujours pas candidat à la primaire de la droite et du centre pour la présidence de la République, mais qui en joue le rôle avec constance. De fait, le président des Républicains ne compte pas officialiser sa candidature avant le 2 juillet, date à laquelle se tiendra le conseil national de son parti. Ce qui lui laissera tranquillement le temps, selon les statuts du parti, d’abandonner la présidence du parti avant le 25 août, pour déposer sa candidature à la primaire avant le 9 septembre.
 

La candidature de Nicolas Sarkozy…

 
Ces questions de délai ne sont pas le tout d’une stratégie qui ressemble assez à un pourrissement de la situation. Nicolas Sarkozy a manifestement décidé de titiller la droite – ou peut-être sa droite – en relançant le débat sur l’identité nationale. L’ancien chef de l’Etat sait bien que ce thème n’est pas étranger à sa victoire en 2007, et que sa mise – partielle, il est vrai – à l’écart en 2012 lui a peut-être coûté sa réélection, face à un François Hollande plein de fougue dans les accusations, et de faux-semblants dans les promesses.
 
Quoi qu’il en soit, et face à ses détracteurs, à droite comme à gauche, Nicolas Sarkozy assure qu’il s’agit d’un « débat culturel et politique majeur ». Il n’a pas tort, si l’on veut bien prendre le temps d’écouter les petites gens, ce monde de la rue qui exprime, de plus en plus, son désarroi.
 
« Ce n’est pas un positionnement, assure-t-on d’ailleurs dans son entourage. Il ne le fait pas par rapport à ses concurrents, mais par rapport à ce qu’il ressent de la France. »
 
Et lui-même, lors du récent colloque du groupe de réflexion « France fière », affirmait : « Hier encore, affirmer publiquement qu’il existait une identité française était considéré comme une insupportable provocation. Aujourd’hui, la fierté de la France est un drapeau. »
 

Croire en l’identité nationale. Ou pas…

 
Et de fait un François Fillon se risque, à l’occasion, dans un débat qu’Alain Juppé, par goût et par stratégie, ne veut pas aborder, afin d’éviter d’opposer valeurs et solutions. Comme si les valeurs étaient définitivement le monde de l’idéologie et de l’irréel…
 
En attendant, Nicolas Sarkozy profite de sa présidence pour égrener sa bonne parole à travers la France, au grand dam de ses rivaux. Reconstruire sa famille politique, ce peut être, opportunément, un tremplin.
 
Evidemment, on peut, et on a même quelques raisons de ne pas le croire. Marine Le Pen ne s’en prive pas qui traite Nicolas Sarkozy de « Barbapapa ». Il est vrai qu’un second tour, où la plupart des instituts de sondages la donne présente, face à l’ancien président serait la plus mauvaise configuration pour elle.
 

Valeurs ou tactique ?

 
Mais, même parmi ses proches, on demeure circonspect. Laurent Wauquiez, son bras droit, le dit clairement : « Ma force, c’est que je n’attends rien en 2017 : je ne veux pas être ministre, je ne suis pas un courtisan, je n’appartiens à aucune écurie. Je suis libre. Mais je me suis fixé un cap : je veux absolument que la droite revienne avec ses valeurs (…). »
 
Dès lors, affirme-t-il, son « soutien à Nicolas Sarkozy n’est ni inconditionnel ni aveugle ». Mais pragmatique.
 
Dont acte.
 
Il reste quand même une question simple à laquelle, semble-t-il, seuls les électeurs peuvent répondre. Nicolas Sarkozy, qui a déjà joué ce jeu, y croit-il ?
 
« Aujourd’hui, l’enjeu pour la droite, c’est d’avoir le courage d’assumer ses convictions et de refuser des idées molles ou faussement consensuelles », affirmait-il récemment à Valeurs actuelles.
 
C’est une réponse à double tranchant…
 

François le Luc