Washington se tourne vers l’ONU pour accueillir les immigrants d’Amérique centrale

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Migrants d’Amérique centrale voyageant à travers le Mexique sur la « Bête » ou « train de la mort » au prix de périls de plus en plus grands.

 
Alors que les Etats-Unis connaissent une nouvelle vague de migrants depuis les pays comme le Salvador, le Guatemala et le Honduras, qui tentent de passer par la frontière mexicaine pour rejoindre l’El Dorado américain, l’administration américaine, se disant incapable d’affronter seule le problème, vient de faire appel à l’ONU à travers le Haut commissariat aux réfugiés. C’est ce qu’a annoncé le secrétaire d’Etat John Kerry qui compte sur l’organisation internationale pour aider les Etats-Unis à faire le tri parmi les candidats au droit d’asile, afin de vérifier s’ils correspondent aux critères pour devenir légalement des réfugiés sur le sol américain.
 
On croit comprendre que l’UNHCR s’occupera de ces tris sur place dans les pays d’émigration afin d’éviter aux candidats le périlleux voyage par le Mexique et les abus des trafiquants d’hommes : une « aide aux familles et aux individus vulnérables », comme le dit Kerry.
 

Laisser l’ONU faire le tri des immigrants d’Amérique centrale ?

 
Pour The New American, cette décision de confier une part du pouvoir souverain américain à une institution qui a toujours favorisé les migrations est une manière « d’encourager tacitement » ces mouvements de population et donc d’augmenter le nombre de candidats. Une trahison, pour employer des termes moins gazés.
 
L’administration Obama entend d’ailleurs débloquer 70 millions de dollars pour faire face à la réception et au tri des nouveaux arrivants, manière de reconnaître que les flux augmentent sérieusement.
 
Il en va particulièrement ainsi des mineurs non accompagnés. Ils étaient 5.783 en décembre ; leur nombre total au cours des deux mois précédents était de 8.480. D’octobre à décembre, ils étaient 117 % de plus qu’aux mêmes dates en 2014. Durant cette même période, 21.469 familles ont été arrêtées à la frontière, représentant une augmentation de 187 % par rapport à la même période de 2014.
 

Washington ouvre les portes, puis fait appel à l’ONU pour mettre fin au chaos

 
Il est vrai que les arrivées de mineurs ont fortement augmenté depuis 2012, encouragés par l’amnistie décrétée par Obama. Aujourd’hui, l’administration fait mine de vouloir agir. De tenter d’éteindre l’incendie qu’il a provoqué. Elle a notamment choisie l’an dernier de mettre sur pied un premier plan de reconduite massive visant 10.000 immigrants sans papiers. Ces derniers jours, les responsables de l’immigration ont désigné plusieurs familles sans papiers en vue de les reconduire dans leurs pays, avec 121 détentions à la clef.
 
Mais les législateurs démocrates voient cela d’un mauvais œil, craignant que les « déportés » ne soient renvoyés vers un environnement violent. Ils dénoncent aussi le fait que ces clandestins n’aient pas reçu une assistance adéquate pour accomplir les formalités de demande d’asile. Déjà, le porte-parole du parti démocrate au Sénat américain, Harry Reid, a invité la presse à s’attendre à ce qu’une « pause des déportations » ait lieu. Il n’a pas donné de détails mais il a fait état d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Jeh Johnson.
 
Si les élus démocrates sont favorables à l’immigration, on ne peut pas en dire autant du peuple américain, exposé désormais à un double jeu. D’un côté l’administration annonce des mesures de déportation, de l’autre les élus déplorent ce manque d’humanité. Thèse et antithèse. Synthèse : l’administration se tourne vers le HCR onusien pour apporter un remède à la situation qu’elle a laissé s’installer. Le peuple finit par y voir un rempart. Et ainsi le tour de passe-passe est joué, qui aboutit à un abandon de souveraineté entre les mains d’une organisation supranationale.
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle